Merci à Amans pour cette contribution aux débats de la rencontre de Bidart.

Nous sommes aujourd’hui dans un changement de paradigme qui touche tout particulièrement la façon de s’organiser collectivement. Un maillage plein de diversité de groupes militants de transformation sociale, comme le réseau des MLC, ne peut pas adopter une « gouvernance » calquée sur les pyramides du vieux monde, mais il peut volontiers s’inspirer des cercles du nouveau.

Pourquoi ? afin de pouvoir exister en tant que force publique, organisation collective susceptible de porter une parole cohérente face à l’état, aux lobbys, etc.
Comment assurer la légitimité d’une représentation au sein d’un réseau où des positions politiques/éthiques très fortes créent parfois des tensions importantes ? Des nuances que d’autres jugeraient subtiles y sont pour nous bien réelles et significatives…

Ce pourquoi à Dinan on avait adopté la solution du mandat impératif, élaboré collectivement et défini dans le temps pour une question précise. Une solution sûre mais un peu lourde. Une autre façon de poser la question il me semble c’est, pour dépasser à la fois la sentence africaine et l’image du cavalier seul : comment aller loin ensemble un peu plus vite ?

Je crois qu’il faut prendre le temps de poser tranquillement les choses concernant le mode d’organisation collective d’un réseau national de collectifs « citoyens » (ou pas « citoyens », puisque ce mot donne parfois des boutons à certain-e-s : en tout cas, un réseau « bottom-up »). Il y a des tas de voies nouvelles, organiques et belles qui s’ouvrent à nous pour aller vers ce que certain-e-s appellent « démocratie réelle » en se gardant des pièges de la démocratie représentative : certain-e-s parlent de tirage au sort, mais. On parle aussi de sociocratie, d’holocratie, de gouvernance par cercle, de gouvernance à centre vide…

Toutes approches émergentes, et qui n’ont pas vocation je crois à s’appliquer de façon systématique du jour au lendemain : plutôt des sources d’inspiration à intégrer, à adapter à nos besoins.

Elections sans candidat, décision par consentement, alignement sur la raison d’être (définie pour l’heure dans le manifeste, mais possiblement évolutive), définition claire de rôles (divers-es représentant-e-s à autorité périmétrée, au sein des différentes instances utiles et en intégrant des commodités géographiques par ex.), souveraineté sur des petites décisions faciles à prendre et à corriger, ajustement en fonction des tensions, retarder les décisions importantes jusqu’au dernier moment soutenable : tout cela (entre autres) me semble-t-il, on pourrait assez facilement le définir comme principes de base lors d’une de nos assemblées.

De même, le principe du double lien sociocratique : deux personnes sont chargées de faire le lien entre chaque cercle. On pourrait aussi les appeler « représentant-e » et « relais ». La parole d’un représentant (1er lien) va du groupe qu’il représente vers l’assemblée où il représente. La parole du relais (2nd lien) a la direction inverse : ramener des infos / des ressentis / des besoins / des positions dans son groupe source. C’est relativement facile de désigner un second lien (tout en étant hyper important !), ça l’est moins de désignation un premier lien, qui va avoir des responsabilités plus engageantes (transmettre par exemple une position du réseau)…
Nous aurons peut-être intérêt aussi dans l’avenir à pouvoir être agiles, et une fois que des jalons clairs ont été posés collectivement lors d’une rencontre, il n’y a pas forcément d’impossibilité via internet à coordonner des mouvements, construire des propositions, et même à prendre des décisions (par le principe de la non-objection par exemple avec un délai défini collectivement, sur la liste de discussion « relais » qui rassemble toutes les MLC, non sans s’être assuré-e-s que toutes les monnaies représentées traitent correctement les infos reçues par là en effet.)*

Beaucoup de gens travaillent actuellement sur ces questions. Si elles t’intéressent, je t’encourage à t’inscrire sur anim.fr, réseaux d’acteurs de coopération initié par les ami-e-s du libre et des communs : http://coop-group.org/anim-fr/wakka.php?wiki=PagePrincipale
On trouve aussi plein d’outils d’organisation collective (systèmes d’organisation cités ci-dessus, processus d’animation en live…) présentés ici : http://www.multibao.org/

Fraternellement,

Amans (d’la Maillette de Rance :⁾

* Une illustration simple de ce type de fonctionnement : s’il faut publier un texte au nom du réseau, pour répondre rapidement à une publication erronée par exemple, la première personne parmi nous qui en sent l’élan et qui s’en estime capable peut faire une proposition de texte et la mettre sur un pad (http://framapad.org/) et envoyer l’adresse à la liste en proposant à tout le monde de contribuer, corriger, compléter, etc. (Si la personne qui en sent l’élan n’en sent pas la capacité, elle peut toujours envoyer tout de même une proposition ou une esquisse, en demandant du soutien)
Si on parvient facilement (ou même moins facilement) à un texte qui, même s’il ne satisfait pas pleinement tout le monde, en tout cas ne flanque de boutons à personne, il n’y a plus de difficulté pour le poster au nom du réseau des MLC.

Il convient simplement de bien s’accorder sur les délais nécessaires (minimum une voire deux semaines par exemple selon l’enjeu), de sorte que si quelqu’un-e a une objection non pas par rapport à telle ou telle formulation (qu’il suffirait de modifier) mais par rapport à la démarche dans son ensemble il-le l’exprime… et alors bien sûr on l’entend !

 

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