Des monnaies en général et plus particulièrement des primitives par Alain Testart, dans Aux origines de la monnaie, sous la direction d’Alain Testart. Editions errance (2001).

La monnaie aurait-elle été inventée pour faciliter les échanges et remplacer le troc ? Difficile de continuer de croire cette fable fabriquée par l’économie politique pour décrire les origines de la monnaie dès que l’on cesse de confondre la fonction de moyen de paiement de la monnaie avec sa fonction de moyen d’échanges. Car :

  1. Il ne faut donc surtout pas confondre les sociétés primitives sans monnaie, les sociétés primitives avec monnaie primitive et les sociétés marchandes avec monnaie.
  2. Dans les premières, le paiement peut se faire par le crédit (qui ne nécessite pas une monnaie). Quand il y a monnaie primitive, elle peut servir de moyen de paiement sans être nécessairement un moyen d’échange. Ce n’est que dans la société marchande que le moyen de paiement incite à l’échange.
  3. Ne pas oublier le rôle du crédit dans les économies primitives.
  4. Commencer par définir la monnaie comme moyen de paiement (et non comme moyen d’échange).

Alain Testart propose donc un autre « récit :

  • Société primitive sans monnaie (le paiement est acquitté en services – rôle très important du crédit) donc sans richesse (1)Alain Testart dans ses Éléments de classification des sociétés, Paris, Errance, 2005, distingue entre sociétés sans et avec richesses. Voici un compte-rendu. : on règle ses dettes en se livrant en personne. Les dettes consistent en droits sur des personnes (sur un meurtrier, du fait qu’il a tué ; sur une femme, du fait que son frère en a reçu une).
  • Lorsque la richesse fait son apparition, on va pouvoir régler ses dettes par le moyen des choses. Apparaît la monnaie comme unité de compte et comme moyen préférentiel de paiement. Société avec monnaie primitive (le paiement est assuré en crédit, la monnaie ne sert pas de moyen d’échange).
  • Dans les sociétés primitives, les rapports sociaux économiques sont structurés comme des relations de personne à personne. Alors que « la monnaie, dans son essence, exclut la dimension personnelle » (p.51).
  • Lorsque se développe la division sociale du travail, que les échanges prennent une forme marchande alors les paiements concernent d’abord ces marchandises plutôt que les mariages ou les rachats pour meurtre : les choses peuvent s’échanger par le moyen des choses. Société avec monnaie (la monnaie incite à l’échange et finit même par devenir la finalité de la production).

A- Idées reçues

Pourquoi la monnaie classique a-t-elle été inventée ?
  • Aristote, Adam Smith : pour remédier au troc et faciliter les échanges au jour le jour. Or les unités monétaires des premières monnaies sont trop grosses pour cela.
  • Dans les sociétés-Etats : rôle de l’Etat. Hypothèse de Sture Bolin, rectifiée par Le Rider : la valeur nominale (70% d’or) est supérieure à leur valeur intrinsèque (54% d’or) : il s’agit donc pour les états de faire un « gain ». Il ne s’agit donc pas pour l’Etat de garantir une valeur mais bien d’opérer une manipulation.
  • Attention au parallélisme monnaie frappée/monnaie non frappée et Etat/société sans Etat : car en Chine, les monnaies antiques furent métalliques sans être frappées (elles étaient techniquement coulées, mais sans effigie de souverain : tout simplement parce que l’Etat despotique est assez riche pour ne pas avoir besoin de manipuler) ; et elles étaient fiduciaires.
Sur les monnaies primitives
  • Elles auraient une dimension magique ou religieuse. « On confond religion et symbolisme » (p.36). Mais qu’elles aient une dimension symbolique ne doit pas occulter leur dimension proprement économique (à ne pas rabattre sur le tout-symbolique).
  • Par opposition à nos monnaies qui sont plurifonctionnelles, les monnaies primitives n’auraient qu’un nombre limité de fins, confinées dans des sphères plutôt étanches, celle des biens dits de « prestige » et celle des biens courants.
  • Mais dans nos civilisations de l’universel, ce qui l’est c’est moins la monnaie que la nature des échanges et de la production. Et puis, comme un membre d’une société primitive pourrait nous le reprocher, n’est-ce pas notre « équivalent universel » qui est limité puisqu’il ne permet pas d’acheter une seconde épouse ou un esclave…
  • Mais ce qui est difficile à comprendre pour nous c’est que ces monnaies primitives ne servent pas à acheter de la nourriture, ne servent pas l’échange en général.

B- Qu’est-ce que la monnaie ?

D’où vient la monnaie ? Quelle est son origine ?
  • Double origine parce que double nature : pas seulement en « espèces sonnantes » (dans lesquelles il faudrait inclure les « quasi-monnaies ») mais aussi des « monnaies d’avant la monnaie ».
  • Double nature de la monnaie : usage monétaire et usage extra-monétaire.
  • Origine de la monnaie « en pièces de monnaie » : au cours du VIème av. J.-C., en Lydie (Asie Mineure – y coule le fleuve Pactole – Sous le règne de Crésus ?).
La monnaie est-elle une marchandise ou un signe ?
  • Pour l’économie politique classique, la monnaie est une marchandise (K. Marx, théorie de la valeur-travail) et sa valeur dépend du temps de travail social moyen nécessaire à sa production. Mais la valeur d’une monnaie est largement tributaire de la demande monétaire de la dite monnaie.
  • Si la monnaie est un signe alors elle n’a pas de valeur (G. Simmel, Philosophie de l’argent). Mais puisque l’échange suppose une équivalence en valeur alors l’unité monétaire doit avoir la dimension d’une valeur.
Des civilisations ont-elles vécu sans monnaie ?
  • Oui, en Mésopotamie : même si au XXIème siècle, dans la ville d’Ur, sont fabriqués des anneaux d’un poids correspondant à un sicle d’argent (ou des multiples de 2 à 10 ; le plus courant étant 5). Mais ils semblent plus servir de cadeaux à caractère honorifique que de monnaie (pp.61-71 : article de Jean-Jacques Glassner).
  • en Egypte…
  • Mais comment se faisaient les échanges ? Comment évaluer la valeur des marchandises et le montant de l’impôt ?
  • Dans ces économies primitives, le crédit est très développé.
  • Et quand il y a monnaie, elle sert très peu aux échanges. Ainsi en Lydie (Georges le Rider, La naissance de la monnaie, 2001) les premières pièces restent dans leur lieu d’émission et surtout leurs unités monétaires sont trop élevées pour avoir servi aux échanges quotidiens.
Les fonctions de la monnaie
  • La plus fréquemment mentionnée est : la fonction d’intermédiaire dans les échanges. La monnaie servirait d’abord à échanger. Mais le crédit peut parfaitement remplir la même fonction, en l’absence de toute monnaie (et les autres fonctions aussi d’ailleurs).
  • 3 fonctions : moyen d’échange, étalon de valeur et réserve de valeur (= +/- moyen de paiement). [mais définir un objet technique ou une institution sociale par ses fins/fonctions est insuffisant : car alors on en arriverait à confondre le boulier et la calculette].

→ Avant d’avoir des fonctions, la monnaie est d’abord un bien, une forme de richesse.

→ Toute monnaie peut donner lieu à des usages extra-monétaires (qui peuvent dériver de l’usage monétaire – prestige, provocation… – ou non – manger une vache, bijou en or…).

→ Et réciproquement : n’importe quel bien est potentiellement apte à assumer n’importe laquelle des fonctions attribuées à la monnaie.

→ Les fonctions (au sens de : utilisations) de la monnaie sont indépendantes les unes des autres. Chaque fonction pourrait être assumée par une monnaie différente.

→ Définition relative de la monnaie par ses fonctions : La monnaie semble, mieux que d’autres biens, plus apte à remplir ces (4) fonctions.

  • Renversement 1 : pour une marchandise, la VE vient en surcroît de la VU alors que la VU de la monnaie ne lui vient que de ce qu’elle peut être échangée (p.15).
  • Renversement 2 : la monnaie est un bien qui n’est pas détruit par son usage.
  • Renversement 3 : la monnaie n’est pas une marchandise comme les autres parce qu’elle ne s’élimine pas dans la circulation.
  • Renversement 4 : à l’origine, la monnaie doit libérer des obligations ; elle finit dans l’obligation d’en avoir. Une obligation générale vis-à-vis d’une chose elle-même générale s’est substituée à des obligations multiples vis-à-vis de personnes elles-mêmes multiples.
La monnaie comme moyen de paiement en dehors de l’échange
  • Classiquement, la fonction de moyen de paiement est confondue avec celle de moyen d’échange.
  • Pour une première raison : le primat de l’échange dans la pensée économique (certes, dans les économies modernes, l’échange est d’abord l’échange de marchandises mais dans d’autres économies ?).
  • Pour une seconde raison : si la monnaie peut avoir une fonction libératoire, alors « le phénomène monétaire est marqué du sceau du politique » (p.26).
  • Dans l’économie politique, on suppose un état premier de troc sans crédit, c’est-à-dire des échanges non différés : dans ce cas, la fonction de moyen de paiement entraîne la fonction de moyen d’échange. Mais, si les dettes peuvent être soldées par compensation, alors le troc avec crédit permet de se passer de paiement.
Thèse d’Alain Testart

→ Même d’un point de vue strictement économique, la fonction de moyen de paiement est l’élément clef qui permet de définir correctement la monnaie.

→ Une définition de la monnaie doit être une définition relative (surtout ne pas transformer une histoire en logique) : même si d’autres biens pouvaient assumer les mêmes fonctions, quelle est la supériorité de la monnaie sur ces autres biens ? Le paiement.

→ Hiérarchie des fonctions : paiement – échange – thésaurisation – unité de compte.

Une hiérarchie des fonctions de la monnaie
  • La fonction de paiement marque la supériorité de la monnaie sur les autres biens : la monnaie est le type de bien qui est préféré (dans les sociétés traditionnelles, par la coutume) ou prescrit (dans les sociétés modernes, par l’Etat) dans les paiements.
  • De droit : la monnaie est le seul bien à ne pouvoir être refusé par un créancier (c’est ce privilège qu’on appelle le cours légal).
  • Dans les sociétés monétisées, ce privilège unique d’éteindre les dettes lui a été conféré par la puissance publique.
  • De fait : il est avantageux d’accepter ce moyen de paiement puisque celui qui l’accepte pourra s’en servir pour payer.
  • Apte à servir de moyen de paiement, la monnaie est apte à servir de moyen d’échange. Non pas parce qu’elle facilite l’échange (comment ?) mais parce qu’elle en est la cause. La monnaie favorise l’échange.
  • Il ne suffit pas de dire qu’avec l’argent d’un bien A vendu, je vais pouvoir acheter un bien B. Il faut comprendre que je ne vais avoir l’idée ou le désir de vendre un bien A (pourquoi vendre ?) que parce que je sais que la monnaie que j’en tirerai sera acceptée par le vendeur d’un bien B que je veux acquérir. La « non-coïncidence des désirs » suffit à écarter la solution d’un échange direct sous forme de troc (rq : pas besoin de supposer déjà une valeur différente, et donc une référence à une fonction d’évaluation).
  • La monnaie, intermédiaire technique de l’échange, devient objet de désir pour tous, « objet de désir général » (p.30), elle devient objet de l’échange, et c’est en tant que telle que la monnaie est préférée. Aristote nomma cela la « chrématistique » ; aujourd’hui, c’est le « capitalisme » : la monnaie est de tous les biens proposés à l’échange, le préféré.
  • Pas de fonction d’échange sans fonction de paiement mais la réciproque n’est vraie que dans le cas de l’achat. Pas dans le cas d’un troc avec crédit.
  • Pourquoi le crédit ne fonctionne-t-il pas aussi bien que la monnaie comme moyen de paiement ? Parce qu’il n’est pas préféré (le crédit ne peut pas solder ultimement les comptes ; la monnaie : si).
  • La fonction de réserve de valeur vient de ce que Keynes a nommé « la préférence pour la liquidité ».
  • Le « liquide », c’est la monnaie. La monnaie peut « liquider » une dette. Cette fonction de réserve de valeur est une conséquence de sa fonction de paiement.
  • La fonction de compte ou d’étalon de valeur : c’est l’intérêt de l’Etat de distinguer entre monnaie de compte et monnaie courante (en dévaluant par exemple).
  • Naturellement, celui qui se servira systématiquement d’un bien comme moyen de paiement finira par s’en servir pour estimer la valeur de toute chose.
  • Ce qui ne veut pas dire que pour pouvoir payer, il faut d’abord pouvoir compter : un paiement ne nécessite pas une mesure préciser ou un décompte rigoureux.
Définition de la monnaie
  • Une ou plusieurs espèces de biens, en nombre limité.
  • Dont la cession, en quantité déterminée, au sein d’une communauté de paiement, est prescrite ou préférée dans la plupart des paiements et est réputée avoir valeur libératoire.
  • Monnaie primitive : moyen de paiement sans servir de moyens d’échange.

C- Monnaie et formes de sociétés

A quoi servent les monnaies primitives ?
  • Effectuer les paiements de mariage, pour transférer ces biens immatériels que sont les droits du père au mari (en Afrique noire, un peu pour l’Océanie) ou qui sont des obligations patrimoniales (en Amérique du nord).
  • Payer des amendes, indemnités ou compensations. Par exemple le wergeld.
  • Effectuer des paiements pour payer des droits d’entrée dans des associations (Mélanésie, Amérique du nord).
  • (rarement) Payer pour certains services (par exemple, en Mélanésie, payer un « vengeur »).
  • Ces paiements le sont du fait de d’obligations contactées en dehors de l’échange (donc sans contrepartie).
  • Et quand ce sont des « achats » (donc des « échanges » au sens large), ce sont des achats de droits sur des personnes.
  • Les monnaies primitives achètent des biens associés à la personne.
Même si les monnaies primitives peuvent servir au commerce des choses, généralement elles ne servent pas de moyens d’échanges ; pourquoi ?
  • Raison 1 : l’importance du crédit. Il faut cesser de penser la vie primitive à partir du troc (comme s’il ne pouvait y avoir que du paiement direct) mais plutôt comme un « gigantesque système de crédit » (p.41). Pour les échanges courants, dettes et créances ne cessent de se compenser, rendant ainsi inutile la monnaie. Mais pour les grosses dépenses, la monnaie (comme moyen de paiement) est indispensable.
  • Raison 2 : la faible division du travail (voire son inexistence). Il n’y a guère de spécialistes à plein temps (sauf les chamans ou les medecine man qui sont payés) et personne ne s’abstient de cultiver la terre : chacun participe de la production.
  • Raison 3 : quand échange il y a ce n’est pas dans le cadre d’un marché mais dans celui d’une « amitié d’échange » (p.42). On échange entre amis. C’est pourquoi 1/ pour ne pas insulter l’ami, aucun bien proposé ne peut être refusé ; 2/ ni aucun bien retourné en contrepartie ; 3/ la contrepartie n’est pas retournée immédiatement car ce serait marque de défiance : « le crédit fait l’amitié tout autant que l’amitié fait le crédit » (note 54, p.58). L’échange d’amitié n’est donc pas un « marchandage » ; chacun fait comme s’il donnait un cadeau ; mais, ce n’est pas pour autant un don/contre-don car, même en l’absence de « demande », la contrepartie est exigible.

→ Ce qui permet le fonctionnement général du crédit n’est pas l’existence d’institutions mais un très large réseau de relations personnelles dyadiques qui transcendent les différences communautaires.

Que sont les sociétés primitives sans monnaie ?
  • Ce sont des sociétés sans richesse : dans lesquelles les obligations sont acquittées en service et non en biens.
  • Il existe donc des sociétés primitives sans monnaie et donc est ainsi réfutée une histoire naturelle de l’économie politique : troc – difficultés du troc – monnaie.
  • Un exemple : L’australie.
    • Pas de paiement de mariage. Le gendre travaille pour la belle-mère et aucun paiement ne peut venir mettre fin à ce service.
    • Pas de wergeld
    • Pas d’associations
    • Pas de paiement pour service.
Mais alors pourquoi la monnaie ?
  • Attention au mythe qui fait passer une logique pour une histoire : troc – échanges – monnaie – crédit. Ce mythe oublie le rôle du crédit.
  • Le crédit est une forme fondamentale de la vie économique primitive.
  • Par conséquent, la monnaie n’apparaît pas pour passer du troc à l’échange généralisé mais par opposition au crédit (il s’agit dans les 2 cas d’assurer une fonction de paiement). Voilà pourquoi Alain Testart place la fonction de moyen de paiement avant celle de moyen d’échange (rendant ainsi toute sa place au rôle du crédit, avec ou sans monnaie).
  • Stade I : une communauté de familles qui se rendent mutuellement service en faisant des heures de baby-sitting (HBS). Dettes et crédits finissent par se compenser ; sont enregistrés sont une forme doublement nominale).
  • Mais difficile de mémoriser les HBS dès que la communauté s’accroît.
  • Stade II : création d’un organisme central de compensation : toujours pas de monnaie circulante mais un système de crédit plus performant où les dettes et les créances sont enregistrées sous une forme simplement nominales, parce qu’elles ne se réfèrent plus à des particuliers mais à la communauté.
  • Mais lourdeur de la procédure ; fragilité du système.
  • Stade III : remplacement des créances par la monnaie (= des jetons qui circulent entre les individus). Ce système est anonyme. Il n’y aplus qu’un pas pour que ces jetons deviennent un « équivalent universel » et permettent d’acheter des heures de ménages ou des biberons.
  • La monnaie, c’est l’invention de l’anonymat (p.48).
  • L’obligation (de la créance) qui était vis-à-vis de personnes devient une obligation de trouver de l’argent.

Annexe 1 : Modèles simples

  • On peut échanger à crédit sans monnaie. A vend x et B vend y ; A achète tous les jours pour 10 u.m. de y à B qui ne lui achète tous les jours que pour 5 u.m. de x ; mais il suffit d’un C qui vende des z pour 5 u.m. à B et qui achète pour 5 u.m. de x à A pour que les comptes soient globalement soldés.
  • Pourquoi A vend-il son bien x ? A désire un bien y qui appartient à B. Il y a très peu de chances qu’un échange direct – un troc – soit possible ; à cause de la « non-coïncidence des désirs ». Mais A sait que l’argent de la vente de x sera accepté par B et c’est pour cela qu’il met en vente son bien ; la monnaie pour lui (qui vient de la vente de x) n’est pas un moyen de paiement mais un moyen d’échange indirect ; mais la monnaie ne peut être un moyen d’échange que parce qu’elle a le privilège d’être un moyen de paiement.

Annexe 2 : Lexique

Achat : c’est un paiement et une acquisition ; il ne peut donc avoir lieu qu’à l’intérieur de l’échange. Mais si tout achat est un paiement, tout paiement n’est pas un achat.

Acheter ≠ Payer : l’achat est l’acquisition économique d’un bien ; le paiement me libère juridiquement d’une dette contractée (p.24).

Crédit : est possible en l’absence de monnaie ; logiquement et historiquement, le crédit précède la monnaie. Une créance est toujours une créance sur une personne particulière alors que la monnaie vaut pour tout et pour tous. Double généralité de la monnaie.

Echange ≠ Circulation : l’échange suppose une équivalence. L’échange est une forme de circulation. Il peut y avoir circulation sans échange (dans le don par exemple).

Monnaie de compte : unité qui sert à exprimer une dette ou une créance, le montant d’un impôt ou d’une amende (ex : la livre sous Charlemagne). Cette monnaie ne circule pas ; elle a donc la dimension de la valeur sans avoir de valeur (d’échange) ; elle n’est qu’un pur instrument comptable.

Monnaie fiduciaire : une monnaie fiduciaire est un instrument de paiement dont la valeur (nominale, faciale) est égale à celle mentionnée sur le billet ; et non pas à la valeur intrinsèque.

Monnaie primitive : monnaie présente dans les sociétés sans Etat (plutôt qu’objet naturel sans inscription). Moyen de paiement sans servir de moyens d’échange.

Monnaie scripturale : les dépôts bancaires dans les comptes courants ou compte-chèque forment ce qu’on appelle la monnaie scripturale (deposit money). La possession de monnaie par un titulaire de compte est matérialisée par une écriture en compte.

Paiement : acte par lequel on s’acquitte d’une obligation en cédant une chose prescrite à l’avance par le code social ou par un engagement contracté. Un paiement est libératoire parce qu’il libère d’une dette. Le paiement peut être en argent ou en nature.

Paiement ≠échange : tout échange implique paiement mais tout paiement n’implique pas échange (amende, pension…). Ainsi l’impôt est-il un paiement sans contrepartie ; l’impôt est dû absolument et sans contrepartie exigible.

Pièce de monnaie classique : métallique (électrum, or, argent), frappée (puissance souveraine émettrice), marquée (valeur inscrite)

On peut consulter aussi :

Robert Boyer, « Bruno Théret (Dir.), La monnaie dévoilée par ses crises, Éditions de l’EHESS, Paris, 2008. », Revue de la régulation [En ligne], n°3/4 | 2e semestre 2008, mis en ligne le 15 novembre 2008, Consulté le 05 avril 2010. URL : http://regulation.revues.org/index4813.html

Le troc donne-t-il naissance à la monnaie ? http://www.univ-orleans.fr/deg/GDRecomofi/Activ/alary_nice.pdf

Le troc et la monnaie chez Polanyi : http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/13/83/58/PDF/mautromon.pdf

http://antisophiste.blogspot.com/2007/01/le-don-lchange-non-marchand-et-lchange.html

Notes et Références

Notes et Références
1 Alain Testart dans ses Éléments de classification des sociétés, Paris, Errance, 2005, distingue entre sociétés sans et avec richesses. Voici un compte-rendu.

Un commentaire

  1. Merci pour ces informations extrêmement importantes.

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