Cette interview a été réalisée à l’occasion de la Semaine internationale des monnaies sociales et communautaires qui s’est tenue à Lyon les 16-18 février 2011.

Quelles sont les origines d’outils telles les MSC et le micro-crédit ?

Jean-Michel Servet, professeur à l’Institut des hautes études internationales et du développement Genève (Suisse) travaille depuis 15 ans sur les monnaies sociales et complémentaires et le micro-crédit. Interview réalisée à l’occasion de la Semaine internationale des monnaies sociales et communautaires qui s’est tenue à Lyon les 16-18 février 2011.

  • « L’exclusion financière de larges fractions de la population européenne dans le cadre du développent du capitalisme… »
  • Les monnaies locales sont restées à l’échelle d’expérience », … « à des échelles extrêmement restreinte »…

(02:00) Pourquoi cette prépondérance du micro-crédit sur les MSC dans les politiques de développement ?

  • Le micro-crédit a été porté par des organismes de coopération… qui ont apporté des budgets alors que pour les projets de monnaie complémentaire « il faut faire apparaître la dépense »…

(03:40) Quel intérêt supplémentaire offrent les MSC par rapport au micro-crédit ?

  • Les MSC évitent une fuite des ressources en dehors du système (favorisent une « endogénéïsation » des ressources)

(04:23) Quelle est cette complémentarité que permet une monnaie à une échelle locale ?

  • Les problèmes doivent être résolus au bon niveau (« subsidiarité ascendante »)
  • Nécessité d’une hiérarchie monétaire
  • Démocratie locale

(06:00) Quelle est l’application possible d’une monnaie locale, et avec quelle efficacité ?

  • bons d’achat en MSC en direction de population particulières
  • « multiplicité d’innovations qui peuvent contribuer à enrichir les transformations »… pour « produire les sociétés du futur dont on n’a sans doute pas idée »…

(07:50) Y a-t-il des conditions favorables au développement des MSC ?

  • « Alliage » avec la puissance publique
  • Articuler redistribution (par les prélèvements) + marché + réciprocité (solidarité)

(08:32) Le couplage des MSC et du micro-crédit présente-t-il un intérêt ?

  • notoriété et critique du micro-crédit
  • une « exclusion financière généralisée »

(09:10) Les MSC sont-elles réservées aux « pauvres » ?

  • Offrir pas seulement aux « pauvres » mais à l’ensemble de la population des instruments monétaires pour qu’il n’y ait pas stigmatisation

(10:15)

Et dans le champ de la recherche en économie, quels échos rencontrent les MSC ?,

  • Ce thème n’est pas porté par les « courants dominants »
  • pourtant, « la crise oblige à penser des éléments alternatifs

(11:23) La recherche en ESS implique-t-elle une posture particulière du chercheur ?

  • il ne faut pas opposer recherche et pratique…

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Jean-Michel Servet interviendra à Romans pour deux conférences-débats :

  • Mercredi 17 avril : La fable du troc (une critique de l’économisme) : quand on pense un monde sans monnaie, on imagine généralement un temps primitif où les trocs étaient rendus presque impossibles du fait de l’absence d’un instrument permettant d’ajuster les surplus et les manques des uns et des autres. Cette première conférence montrera qu’il s’agit d’une fable inventée par les économistes au 18ème siècle. En relisant Aristote ou les travaux les plus récents des anthropologues en Mélanésie, il est possible découvrir à travers les pratiques monétaires les plus diverses tout autre chose : partage, don et souci de l’autre, un monde aux antipodes de l’économisme.
  • Mercredi 29 mai 2013 : les monnaies du lien (reconstruire autrement)
    Il est possible de retrouver dans les monnaies complémentaires le fondement essentiel de la monnaie : une fonction de lien. Faire lien dans le temps, dans l’espace et au sein de ma propre communauté locale. Ceci veut dire reconnaître dans l’échange non seulement la satisfaction de mes propres envies mais aussi les besoins des autres ; reconnaître que la détention d’un bien n’exclut pas les droits des autres ; reconnaître qu’une monnaie ne confère pas le droit de tout acquérir et qu’une société ne peut être durable sans partage.

 

 

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