L’Héol, la Muse, l’Eusko… les monnaies locales fleurissent
[Merci à Caroline Piquet pour cette courte mais plutôt exacte présentation de nos types de projets – Article publié dans Le figaro.fr, publié le 02/11/2012]
Les projets de monnaies locales complémentaires se multiplient en France. Où circulent-elles ? Combien de Français les utilisent ? Quelles sont leurs perspectives de développement ?
Le coup d’envoi a été donné à Villeneuve sur Lot en janvier 2010, où l’association «Agir pour le Vivant» a proposé à ses habitants de convertir leurs euros en Abeilles. Depuis, une dizaine de monnaies locales complémentaires circulent dans plusieurs régions de l’Hexagone. La ville de Romans sur Isère (26) a développé La Mesure, La Muse circule à Angers (49), le Sol-Violette à Toulouse (31) et plus récemment, l’Héola pris son envol dans le Finistère (29), autour de Brest en Bretagne. Elles sont souvent à l’initiative de citoyens désireux de proposer une alternative à l’Euro.D’un bout à l’autre de la France, tous les instigateurs de ces projets sont unanimes : ces monnaies complémentaires permettent de «relocaliser l’économie», de «sortir la monnaie du champ spéculatif» et représentent une «excellente réponse à l’instabilité des marchés», indique Pierre-Yves Lebecque, chargé de mission à l’Adess Pays de Brest, qui milite pour une monnaie «éthique». Ainsi, les prestataires sont souvent des producteurs locaux, des artisans-commerçants bio ou encore des structures associatives.Peu d’utilisateurs…Ces projets ont toutefois une portée relative. A Romans sur Isère, environ 10.000 Mesures circulent entre 70 prestataires et 250 foyers sur un bassin de vie comptant près de 50.000 habitants. Même chose à Villeneuve-sur-Lot, où 14.000 Abeilles sont utilisées par une centaine d’entreprises locales et une centaine de familles sur un territoire de 35.000 habitants environ. «C’est une goutte d’eau dans la mer, reconnaît Françoise Lenoble, coprésidente de l’association Agir pour le Vivant. Mais cela prend nécessairement du temps pour que les gens s’y mettent».
Sur les marchés, lors de manifestations culturelles, les responsables de ces projets tentent de convaincre les habitants de leurs communes, parfois, sans succès. «La plupart des gens ont l’impression que ce sont des billets de Monopoly, concède Michel Lepesant, cofondateur de la Mesure. Certains pensent aussi que c’est un truc de baba cool», poursuit-il. Au Pays de Brest, Pierre-Yves Lebecque reconnaît que les 200 utilisateurs de l’Héol sont majoritairement «sensibilisés à l’économie sociale et solidaire».
Regroupés en réseau national via le site «Monnaies locales complémentaires», tous les responsables de ces projets se réunissent deux fois par an pour partager leurs expériences respectives, se conseiller et faire découvrir leurs initiatives dans d’autres régions. Michel Lepesant coordonne ces rencontres : «Nous en avons fait une à Villeneuve-sur-Lot, puis une autre à Angers, explique-t-il. Depuis, plusieurs projets se sont mis en place autour de ces deux villes».
…mais les projets se multiplient
En effet, 8000 Héols circulent depuis janvier 2012 dans le pays de Brest. La Muse autour d’Angers a été lancée en avril et 12.000 euros ont déjà été échangés. À Nantes, deux projets sont en cours de discussion tandis que la ville de Concarneau prévoit de mettre en place la Sardine courant décembre. Au Pays Basque, l’Eusko devrait être mis en circulation en janvier 2013. «Et ce sont seulement les projets que nous avons référencés, prévient Michel Lepesant. D’autres sont peut-être en train de naître sans que nous le sachions».