Présents : Ana Sailland, Jean-François Perréard,Éric Servel. Excusé :Jacques Roura
Objet : Se rendre compte sur place de l’expérience de la ville de Romans sur Isère qui a lancé sa monnaie locale en mai 2011 : la « mesure »
Matin : visite des commerçants
Bar d’une des principales places
- 2 à 3 clients par jour paient en mesure
- Ils utilisent leurs mesures pour leurs besoins courants avec les autres prestataires
- Remarque : il faut éviter qu’on puisse tester la monnaie sans adhérer, en se faisant rendre en mesures quand on paie en euros. Ce cas n’est pas prévu dans leurs statuts car c’est illégal : si des non adhérents utilisent la mesure, elle perd son caractère privé et l’État peut attaquer.
- Raison de l’adhésion : c’est bien beau de se plaindre des banques mais encore faut-il soutenir les alternatives. Ce n’est pas pour des raisons éthiques mais c’est pour se passer des banques.
Un autre café (sur la même place)
- Raison de la non adhésion : on ne sait pas que ça existe
- Et il s’est pourtant montré très intéressé, d’une intelligence vive : il a tout de suite compris et spontanément que la monnaie fondante fait tourner l’argent
Salon de thé
- Raison de l’adhésion : la propriétaire était absente, et la cuisinière n’était pas au courant que son commerce acceptait la mesure
Librairie
- Raison de l’adhésion : parce que c’est une monnaie qui permet de donner un autre sens à l’argent ; par exemple ça permet de parrainer des projets au travers d’un fonds
- 2 achats par jours mais pour des sommes assez importantes (70 mesures)
- Ils font partie du Conseil d’Administration de l’association Commune Mesure dans le collège des prestataires
- Dans leur logiciel il existe une comptabilité propre à la mesure qui est gérée de la même façon que les chèques « LIRE » (les autres commerces ne dissocient pas l’euro et la mesure dans leur comptabilité)
Coiffeuse
- Raison de l’adhésion : ça permet de remettre le monde à taille humaine ; marre de ce monde ou tout le monde est dans l’argent ; permet de faire partie d’un vrai projet éthique (par exemple c’est de l’argent qui ne sera pas utilisé pour l’armement)
- 1 à 2 clients par semaine paient en mesures mais il existe un vrai potentiel
- Le commerçant ne cherche pas forcément à pousser ses clients à payer en mesures, car elle affirme que le côté fondant est gênant et lui fera perdre de l’argent, alors qu’il existe déjà des taxes de tous côtés
- Est au courant que l’Age de Faire en parle, ainsi que FR3
- Un client s’est montré non intéressé car cela lui ferait perdre du temps (aller au comptoir de change, coller un timbre…)
- La cliente coiffée s’est au contraire montrée intéressée et a pris une part active à la conversation ; elle compte adhérer bientôt car elle trouve cela intéressant pour dynamiser la vie locale et « réchauffer » les relations sociales
Personnes rencontrées de l’association « Commune Mesure » à la Maison de Quartier Saint-Nicolas
- Michel Lepesant, un des créateurs
- Yannouch, présidente de la maison de quartier
- Annie salariée de la Mesure sur contrat aidé pour 8 mois
- Une autre adhérente
- Le directeur du local
Structuration de l’association Commune Mesure
Leurs réunions accueillent souvent une quarantaine de personnes
Il existe un noyau de quatre personnes qui sont identifiées comme pilotes ; ce nombre restreint est un facteur clé de réussite
Ils ont eu plus de difficultés à convaincre les utilisateurs que les prestataires. Ils ne s’y attendaient pas du tout.
Autres information sur le système de la mesure
- Pour l’instant la conversion des mesures en euros se fait un pour un mais par la suite il y aura une déduction de 3 %
- Les premiers utilisateurs étaient des habitués du bio
Liste des tâches à ne pas oublier
Il existe deux documents guides pour créer une monnaie locale : guide Derudder et guide Bernard Lietaer. Les deux se trouvent gratuitement sur internet
Pour le timing ils se sont méfiés de la rapidité suite à une première expérience de fonctionnement trop rapide et pas ajusté.
Remarques diverses
- Voir aussi les projets de transition d’Hopkins [lien avec les villes en transition ?]. Mais la traduction française existe mais est très mauvaise
- Ils sont convaincus d’avoir eu raison de ne pas avoir démarré immédiatement la fonte, tout en l’ayant annoncé, car cela a permis un entraînement, les billets étaient fournis timbrés au début (“exempté”) ce qui fait qu’ils avaient une limite de validité et les utilisateurs pouvaient commencer à s’y habituer
- Pourquoi la fonte ? Parce que d’autres ont réussi dans d’autres pays en le faisant. Et aussi parce que ça permet de choisir les projets que l’on va soutenir
- Ils ont regretté la forme des billets : les faire moins “Monopoly”
- Ils regrettent de ne pas avoir mis la photo d’un village sur chaque billet permettant de payer leur impression (200 € par village sur 4 villages permettrait de financer l’impression)
- Pas de sécurité: les cartons sont chez les uns et les autres avec traçabilité assurée et les billets sont numérotés.
- Ils ont eu des commerçants qui se sont proposés spontanément comme comptoir d’échange
- Chaque comptoir a un fonds de caisse d’environ 1000 mesures
- Les utilisateurs de fait ne sont pas possibles car il faut être adhérent : en effet, selon la loi on a le droit d’utiliser des bons uniquement au sein d’un cercle d’adhérents
- Les comptoirs d’échange ont pour consigne de demander leur carte d’adhérent à ceux qui veulent des mesures
- Ça a marché parce qu’il y avait deux prestataires dans le groupe des créateurs
- Donner un nom attaché seulement à une commune peut freiner les voisines
- Ils ont connu ce problème en se “marquant” trop Romans & Bourg de Péage
- Périmètre: c’est le “bassin de vie” basé sur les habitudes des gens
- Méthode de choix de nom de la monnaie : brainstorming + short-list de 6 noms + choix par consentement (personne ne s’oppose au nom choisi)
- Important : ne pas vouloir aller trop vite = éloge de la lenteur (pragmatisme apprenant)
- Ne pas démarrer juste avant l’été qui casse la dynamique: demande un coup de collier important pour redémarrer à la rentrée quand on a commencé avant l’été
- Il ne faut pas un réseau trop fermé parce que sinon c’est trop des militants
- Il ne faut pas un réseau trop ouvert parce que sinon c’est trop commercial -> problème rencontré par une monnaie proche de chez eux -> limite l’intérêt d’adhérer -> casse la notion de réseau car tout le monde en fait partie. En fait la monnaie locale ne doit pas se limiter à une carte de fidélité purement commerciale.
- Locaux et lieu d’accueil remarquables et prêtés par la mairie
- Points forts : “inclusion, logistique, pilote”
- Côté important de la pédagogie et de l’argumentaire : les démarcheurs doivent maîtriser totalement le sujet. -> Les objections ne manquent pas, Michel Lepesant a les arguments qui vont en face, il serait peut être bien de lister les objections, d’y répondre et de soumettre le document à Michel pour le compléter, à savoir qu’avoir la liste ne suffit pas, il faut comprendre le sujet et être intimement convaincu.
- Méthodologie : déjà possédée par les membres avant la création -> de par leur travail
- Les utilisateurs trouvent que ça change les rapports avec l’argent mais surtout le rapport avec les prestataires : on se met à appartenir à un réseau éthique
- Ça permet aussi de créer un lien entre les prestataires qui se mettent à se rencontrer au sein d’un nouveau réseau : le réseau “monnaie locale” (dans l’esprit du WIR suisse)
- Ça ré-humanise la relation avec l’argent
- Quand on paie on n’est pas en face d’un anonyme
- La monnaie locale peut aussi servir entre les membres simples pour diverses prestations, à condition (légale) que ça ne soit jamais dans leur profession
- La monnaie locale peut être doublement graduée (par ex en heures ou en équivalent euro)
- Dans tous les cas la fonte est payable (cf question 15)
- Pas de monnaie électronique car c’est le choix à Romans, de ne pas dématérialiser la monnaie
- Pas d’opposition de la part des élus, soutien mais pas encore affiché
- Projet de prévoir des coches à remplir à chaque transaction pour évaluer le nombre d’utilisations entre deux dates, soit la vitesse de circulation
- La monnaie fondante bavaroise fonctionne depuis 8 ans (le chiemgauer)
- Le premier timbre de chaque billet peut être offert sans pour autant gommer la procédure
- Chaque billet est gaufré d’une lettre M au moment de sa mise en circulation
- Il y a deux salariés et des référents qui s’engagent à aller visiter les prestataires -> un salarié à temps plein + un salarié mi-temps -> utilisent des contrats aidés
- La liste des prestataires est importante car elle donne envie
- Le plaisir de découvrir qu’on peut reprendre la main
Répartition des billets lors de la première commande à l’imprimeur :
Sur chaque planche :
1×20
2×10
4×5
2×3
2×1
1×0
Quelqu’un a été déçu car il aurait aimé avoir un billet de valeur pi !
Ils ont partagé la même imprimerie avec le projet de la Bogue sur Aubenas qui lançait une autre initiative, d’où réduction importante des coûts. -> la même planche surtout
On peut s’adresser à leur imprimeur
Impression des billets 24 000 billets payés 750 euros pour une valeur de 120 000 mesures. Sauf que activation de seulement 30 000 mesures avec la pince à gaufreuse. Il y a 7 000 à 8 000 mesures en permanence dans les boutiques.
Au 28/01/2012 environ 10 000 billets seraient en circulation.
Le papier ne parait pas assez solide : les billets s’usent très rapidement, ils ne résistent pas à la pliure.
Le billet perd la totalité de sa valeur à échéance à moins d’être recouvert du timbre adéquat, auquel cas il la retrouve en totalité.
Des gens croient que c’est une perte partielle, rentrent dans des calculs d’intérêts composés négatifs et du coup croient que très vite leur billet ne vaudra définitivement plus rien.
Au niveau de la promotion, il y a besoin d’un texte clair concernant :
1. Le fonctionnement
2. L’équivalent-taxe de fonte et les projets finançables pas cette ressource
3. La circulation de la monnaie
4. La réparation du hiatus entre le symbole et le symbolisé
5. L’éthique
6. L’augmentation du chiffre d’affaires
Sources de revenu possible pour le financement:
1. La fonte
2. Conversion/reconversion
3. Les adhésions
4. Les aides, subventions d’investissement comme de fonctionnement.
5. Les revenus financiers du Fonds de réserve ou son utilisation partielle
6. les apports avec reprise à condition que ce soit mentionné dans les statuts de l’association
A Romans, la fonte est annoncée dès le départ pour dans un an (la première « Faite la Fonte » aura lieu le samedi 31 mars 2012).
Ne pas démarrer immédiatement la fonte au départ car permet de se faire les dents au niveau organisation : se donner des « seuils » en volume et en nombre de prestataires. Les billets étaient timbrés dès le début.
Argument de la fonte : ça marche ailleurs, comme en Bavière où la fonte est affectée à des projets que les gens choisissent.
Taux de fonte
Au départ, était prévu de 2% par trimestre
Par la suite, repensé à 3% par semestre
Une “faites de la fonte” en fait une fête de la fonte va être organisée le 31 mars (il y en aura deux par an) : une synchronisation du travail de collage des timbres et de toutes les activités y-afférentes
Idées à méditer…
- Méditer sur les billets négatifs qui pourraient correspondre à un prêt ou un emprunt
- La monnaie locale est un outil de transition
- Accorderie à Lyon : se faire inviter (système pour faire des accords entre les SELs)
- Sur chaque billet prévoir une zone tract ou chacun peut écrire un message
- Faut-il accepter des prestataires non éthiques ?
- L’opportunité d’une reprise sans fonte ni taxe en cas de force majeure pour un individu
Bien lu le compte-rendu de la visite du 28 janvier. Quelle est l’attitude de la municipalité de Romans et, éventuellement, de l’agglo?
Président du Conseil de Développement de l’Agglomération Chartraine qui travaille actuellement sur l’agenda 21, quels conseils donneriez-vous en priorité?
Avec mes remerciements anticipés, bien cordialement.