Une monnaie complémentaire est une monnaie qui circule en complément de la monnaie officielle entre un groupe de personnes ayant un objectif commun ; elle joue le rôle de :

  • mode de paiement, autre que la monnaie nationale
  • lien entre des besoins non satisfaits et des ressources inutilisées

Depuis la crise bancaire et financière de l’automne 2008, de multiples initiatives fleurissent sur des territoires locaux. Encore peu développées en France, elles font l’objet de multiples rencontres citoyennes ou institutionnelles, d’articles de presse ; Mais elles ont aussi une histoire puisque Bernard Lietaer[1] ne dénombre pas moins de 3 000 monnaies complémentaires dans le monde.

On distingue 3 types de monnaies complémentaires : vocation économique, vocation sociale et monnaie mixte.

  1. La monnaie à vocation économique a pour objectif de relocaliser l’économie en organisant un réseau d’entreprises, en relation entre elles et avec une communauté de consommateurs qui se reconnaissent dans les valeurs de cet objectif. Cette monnaie, n’étant utilisable que dans le réseau, permet de dynamiser et renforcer les échanges en faveur de secteurs économiques fondamentaux sur un territoire donné (petits commerces de proximité, producteurs locaux, entreprises de services, circuits courts…).

Les entreprises ont également accès à des prêts supplémentaires à taux zéro ou réduits.Quelques exemples de monnaies à vocation économique :

En France :

  • Une dizaine d’initiatives, parmi lesquelles : l’Abeille à Villeneuve sur Lot, La mesure à Romans, la luciole en Ardèche, l’EcHo à Angers…Un réseau national[2] les regroupant, est en cours de constitution
  • le « RES »[3] met en relation des entreprises hors grands groupes, avec des consommateurs

     

  • le « SOL »[4] dans quelques régions, spécifique de l’économie sociale[5], depuis 2007

En Europe : Allemagne, le réseau REGIO (des monnaies régionales dans une trentaine de Länder), Belgique (RES), Angleterre (réseau des villes en transition), …et un autre réseau en émergence avec les monnaies libres[6], pouvant être diffusé partout dans le monde.

En Suisse, 20% des PME/PMI (60 000 entreprises) fonctionnent avec une double monnaie :

le franc suisse et le WIR, né de la crise de 29, en 1932 (1 franc suisse = 1 WIR)

en période de crise financière ou bancaire, les entreprises échangent davantage en WIR .

Ces réseaux sont impulsés par des citoyens ou des entreprises, parfois les deux ensemble

ou même par des institutions .

La plupart de ces monnaies sont adossées à la monnaie officielle en vigueur : une Abeille, une Mesure, un RES, un SOL…sont achetés avec des euro.

  1. 2. La monnaie à vocation sociale répond à des besoins sociaux non satisfaits, qu’il s’agisse de personnes à faibles ressources ou d’associations. Pour d’autres personnes, c’est une manière de participer à des réseaux sociaux de solidarité et de convivialité. (Echanges de services, de savoirs, de biens, valorisation de l’engagement bénévole). Ce type de monnaie n’est pas adossé à la monnaie officielle mais basée sur une unité de compte, généralement le temps.

Elle ne permet pas d’acquérir des biens, produits ou services offerts par le marché, mais d’y accéder par l’échange réciproque.

Exemples : le réseau des SELS en France, les Bourses du Temps en Angleterre ; à Curitiba au Brésil on échange du tri de déchets contre des bons de transport des cahiers d’école, des aliments…

  1. Les monnaies « mixtes » ont l’avantage de concilier les deux types de monnaies, économique et sociale.

Seules deux expériences significatives existent actuellement : l’Ithaca Hours aux Etats-Unis, et un Talente Tauschkreis (monnaie de talent) en Autriche.

Pour conclure :

  • Les monnaies complémentaires n’ont pas vocation à se substituer à la monnaie officielle mais à la compléter.
  • Elles peuvent constituer une réponse à la diminution des financements publics dans les différents domaines de la vie sociale et économique (culture, éducation, santé, 3ème âge…)
  • Elles préludent à un nouveau modèle de société basé sur l’économie et la finance solidaire qui peut se développer en parallèle du modèle existant.

Article

rédigé pour Terre et Humanisme Janvier 2011

Marilyne Mougel


[1] Bernard Lietaer : ancien dirigeant de la Banque Centrale Belge, Auteur de l’ouvrage « les monnaies régionales » Ed. Charles Léopold Meyer, décembre 2008. L’un des meilleurs experts mondiaux sur le sujet

[2] Voir site en cours de construction : https://monnaie-locale-complementaire-citoyenne.net/. Impulsion par Philippe Derudder

[3] Site de RES : www.res.be – En France, en Vaucluse, Ile de France et Nord Pas de Calais

[4] Site de SOL : www.sol-reseau.org

[5] Se définit par ses statuts : associations, coopératives, mutuelles bancaires, de santé, et d’assurance

[6] Concept développé par Jean-François Noubel. Voir site : www.thetransitioner.org/.